La Mer n'est pas inépuisable

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Données datant des années 80'

Le Thon une espèce menacée

ll y a quelques années, on croyait que la quantité de poissons en mer était illimitée. Maintenant, on sait que ce n'est pas vrai: il y a un « stock » de poissons qu'il faut gérer intelligemment.

On sait qu'une femelle pond chaque année cinq millions d'oeufs; en tenant compte d'autres renseignements, nous arrivons à savoir combien il y a de poissons dans l'océan.

Les stocks sont-ils menacés ?

A l'heure actuelle, seize pays au moins pêchent dans ces régions, avec des sennes, outils efficaces qui prennent beaucoup de poissons. Le malheur, c'est qu'il ne faut pas attendre que la pêche devienne mauvaisse pour s'aviser de la réglementer. Quand les chiffres chutent, c'est que le ressort est déjà cassé, et il va falloir très longtemps pour reconstituer la population de poissons décimée.

Les marins disent que la pēche est de plus en plus dure, qu'il leur faut du matêriel de plus en plus perfectionné pour tenir le coup face à la concurrence des étrangers.

C'est pour cela que les scientifiques des pays pêcheurs se sont regroupés en commission internationale. Par exemple, depuis 1973, nous demandons sans grand succès qu'aucun poisson de moins de 3,200 kg ne soit capturé. 3,200 kg, c'est très peu si vous pensez qu'un thon albacore adulte pese couramment de 80 à 100 kg. Chaque année, les canneurs japonais détruisent des millions de thons de 3 kg. agés d'un an. S'ils les pêchaient à l'âge de deux ans, ils feraient plus de 15 kg, et ils auraient eu le temps de se reproduire. Il serait possible aussi de protéger les zones de ponte. Avec une surveillance des bateaux par satellite, on pourrait éviter toute resquille. Mais, avant gue nous soyons écoutés, il faudra peut-être que le stock descende à un niveau très bas et que les pécheurs commence vraiment à s'inquiéter...

Le Marquage

Pour mener leurs études, les scientifiques ont recours au marquage. La marque, c'est juste un ruban de plastique jaune numéroté placé sur la nageoire de l'animal. Le jour où un pêcheur attrape ce poisson dans ses filets, il envoie la marque à l'adresse indiquée dessus et reçoit une récompense. Les chercheurs peuvent ainsi être renseignés sur plusieurs choses: les migrations, la vitesse de croissance, la proportion de poissons qui perissent dans les filets de pêche et non entre les dents des requins.

Les Migrations

Le marquage révėle parfois des phénomènes étranges qui laissent les scientifiques perplexes. Un scientifique explique: « Tu marques mille thons en Méditerranée; tu en récupères cinquante devant l'Afrique et deux de l'autre côté de l'Atlantique.

Que conclure sur les migrations habituelles des thons ?

Les thons se déplacent pour rester dans des eaux à bonne température, pour trouver leur nourriture, pour se rendre vers les lieux de reproduction, ou pour quelque autre raison inconnue. Les migrations sont différentes suivant les espèces. Elles sont encore mal connues.

Le germon, ou thon blanc, passe l'hiver près des Açores et remonte été vers l'irlande. C'est celui que pêchait Biche.

L'albacore nait au large des côtes du Ghana. Au bout d'un an, il pèse 3 kg. Les albacores ne se déplacent que de 200 à 400 milles. Le Glénan pêche principalement de l'albacore.

Le listao est celui dont les migrations sont les plus mal connues. C'est un thon qui reste petit et pese que quelques kilos. Quand on le pêche, il mesuree toujours entre quarante et soixante centimètres de long. Où sont les petits ? On l'ignore.

Le thon rouge est le plus extraordinaire des migrateurs. Il naît en Méditerranée, rejoint l'Atlantique vers un an, passe l'hiver vers le Maroc et le Portugal, et remonte l'été vers le Nord. A cinq ans, il retourne pour la reproduction. Plus il est vieux, plus il s'aventure loin vers le Nord durant l'été dans le détroit de Messine, au large de la Tunisie. On a vu des thons rouges de 250 ou 300 kg au large du cap Nord. Certains même ont traversé l'Atlantique.

Nous avons tracé cette carte à partir des données scientifiques : dans l'état actuel des recherches, elle est loin d'être Complète.

Pour un Thon de 10Kg, 10 tonnes d'algues

Tout commence avec le soleil et l'eau de mer riche en sels minéraux. C'est là que se développent des algues microscopiques, ce qu'on appelle phytoplancton, ou plancton végétal. C'est le fourrage d'une faune nombreuse d'animaux microscopiques, des crustacés minuscules, des larves d'animaux marins invisibles à l'ail nu: le Zooplancton ou plancton animal.

A leur tour, les petits poissons mangent le zooplancton, les gros poissons se nourrissent des petits...

Faisons le compte dans l'autre sens pour qu'un thon parvienne à 10 kg, il a dû consommer 100 kg de petits poissons qui, eux-mêmes, ont absorbé une tonne de zooplancton, qui s'est nourri de 10 tonnes de phytoplancton.

Le compte est bon pour 100 g de thon dans votre assiette, il a fallu que disparaissent 100 kg d'algues.

La longue chaîne alimentaire du monde marin commence avec le phytoplancton. Comme il lui faut pour prospérer, lumière et sels minéraux, c'est surtout près des côtes qu'il se développera, là où les eaux peu profondes sont riches des substances minérales apportées par les fleuves.

Près des côtes, beaucoup d'algues, donc de poissons. En plus, bien des crustacés et des poissons se plaisent à vivre près du fond dans des régions peu profondes.

Tout cela explique que 90 % des captures mondiales se fassent dans une bande de 200 milles (environ 380 km) le long des côtes.

Il y a peu de temps encore, chaque pays ne possédait qu'un liséré de 3 milles au côtes. Au-delà, ce n'était à personne, donc à tout le monde. N'importe que étranger pouvait venir y pêcher. Cela a créé de nombreux conflits, entre autres entre les Brésiliens et les marins bretons qui venaient chercher la langouste tout près de leurs rivages. Aussi, tous les pays maritimes ont déclaré que leurs eaux territoriales s'étendaient jusqu'à 200 milles au large des côtes. Quiconque veut y pêcher doit payer une redevance.

Quel avenir pour la pêche ?

On pêchait en 1980, 70 millions de tonnes de poisson par an dans le monde. Au-delà de 100 millions de tonnes, on risquerait d'épuiser les ressources des Océans, en ne laissant plus le temps aux poissons de se reproduire.

Dans toutes les mers du monde, des chercheurs surveillent les stocks de poissons. Voici par exemple les données réunies par la F.A.O. (Food and Agriculture Organization) sur les stocks de l'Atlantique Nord-Est, au large de l'Europe.

Les zoologistes comptent environ 20 000 espèces animales dans les mers du monde. Les hommes n'en exploitent que quelques centaines. Routine des pêcheurss et des consommateurs ?

Certains cherchent des solutions originales, exemple ceux qui regardent du côté des krills de l'Antarctique, ces petites crevettes dont se régalaient les baleines. Maintenant que les baleines ont diminué, les krills prolifèrent en toute tranquillité. D'après les experts, on pourrait chaluter 6 tonnes de krills par heure et par bateau; on atteindrait 50 millions de tonnes par an, soit presque autant que la pêche du monde entier.

Certains ont pensé qu'en éliminant les requins, on améliorerait les possibilités de pêche : tous les poissons qu'ils ne mangeraient plus seraient pour nous. Que penser d'une telle solution qui détruit volontairement l'équilibre biologique naturel ?

Enfin, puisque la mer ne donnera toujours qu'une quantité de nourriture trop limitée pour une humanité qui augmente sans cesse, des éleveurs d'un genre nouveau sont apparus : les aquaculteurs. Les premiers à se lancer dans l'aventure, et les plus forts actuellement, ce sont les Japonais. Les Français s'y mettent prudemment.

L'aquaculture est toute neuve mais les aquaculteurs ont lancé un pari: en l'an 2 000, les hommes devraient consommer autant de poissons élevées que de poissons pêchés.

Ou en sommes nous en 2022 ? ...